Le Lobbying Citoyen où la tentative de rééquilibrer les pouvoirs

La notion de lobbying citoyen est à la mode en ce moment, tout récemment grâce à Cyril Dion, le co-réalisateur du film « Demain » et co-fondateur du mouvement des Colibris, qui en parle depuis le printemps dans les colonnes de Kaizen et de Grazia, ou encore sur les ondes de France Inter ! Remettant au goût du jour ce que de nombreuses personnes imaginent depuis quelques années. Au niveau français, Benjamin Sourice a publié en 2014 un « Plaidoyer pour un contre-lobbying citoyen » et au niveau européen Alberto Alemanno qui plaide également pour que les citoyens investissent le champs du Lobbying pour rééquilibrer l’influence du pouvoir. Le foisonnement de ce concept est également bien appréhendé par Anne-Sophie Novel sur son blog du Monde.

Alors comment ces deux mots qui semblent aux yeux de beaucoup complètement antinomiques se sont-ils retrouvés accolés, revendiqués, et paraissent à certains.nes comme une solution à la crise démocratique actuelle ?

Le Lobbying, c’est l’art de l’influence, des cabinets spécialisés, des responsables des « Relation Publiques » dans les grands groupes, des « chargés de plaidoyer » dans les ONG, tout ce petit monde se charge d’influencer les cercles de pouvoir pour faire valoir les intérêts tantôt d’un groupe privé, tantôt d’un syndicat, ou encore celui d’une catégorie de population, et dans le cas des ONG, celui d’une partie de l’intérêt général.

Au milieu de tout cela, le citoyen n’a pas sa place, même si depuis quelques années le nombre de signatures sur les pétitions en ligne a explosé. En effet, les plate-formes se sont multipliées, les citoyens comme les associations y ont recours constamment pour tenter de légitimer leurs revendications. Malheureusement, au-delà de la légitimation de luttes catégorielles, les pétitions entraînent rarement une action réelle de la part de leurs signataires. En effet, ce que propose le Lobbying Citoyen, ce n’est pas simplement de soutenir une revendication en signant une pétition ou en donnant quelques Euros à une ONG, mais bien de rendre les citoyens acteurs de leurs revendications, leur permettre de redécouvrir le pouvoir d’agir qu’ils n’ont jamais perdu, mais que l’on s’est ingénié à leur faire oublier. Cela prend un peu de temps, en effet, entre signer une pétition, 3 clics et 30 secondes, et composer un mail personnalisé à son député, 12 clics et 2 minutes, nombre de citoyens renoncent déjà à l’action.

Le temps n’est pas le seul facteur limitant, en effet lorsque l’on signe une pétition, on reste un anonyme parmi des milliers, alors que lorsque l’on signe un mail personnel auprès de son parlementaire, on s’engage personnellement. Cela effraie un certain nombre de citoyens qui pourtant participent à des manifestations, signent des pétitions, font partie d’une ou plusieurs associations, mais l’engagement politique leur fait craindre des représailles, soit parcequ’ils sont fonctionnaires et surestiment leur devoir de réserve, soit parcequ’ils fantasment un pouvoir politique tout puissant et corrompus qui viendrait leur reprocher l’exercice le plus basique de leur droit de citoyen, celui de parler à ses représentants.

Nous devons donc développer une culture de la participation direct au pouvoir, rendre les outils et les méthodes d’influence accessible à tous, continuer d’expliquer les subtilités du fonctionnement de notre machinerie politique pour sortir du prêt à penser du tous pourrit et découvrir que le système dans son inefficacité peut évoluer si les citoyens le pousse

Aurélien Vernet, co-fondateur de Lobby-Citoyen.fr

Pour compléter ce point de vue, vous pouvez également regarder l’émission du Poste : Lobbying Citoyen : Inverser le rapport de force !

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